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Chanas le blog
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19 octobre 2009

Un Dauphinois célèbre

François de Bonne duc de Lesdiguières fut l’ami d’un Béarnais très célèbre Henri IV Roi de France et de Navarre.

Certains dauphinois illustres ont eu un destin national. Aujourd’hui découvrons ce que fut la vie de François de Bonne plus connu sous le nom de François Bonne Duc de Lesdiguières. Il fut en son temps l'un des hommes les plus considérables du royaume, grâce à sa valeur propre et à l'amitié que lui porta toujours le roi Henri IV né à Pau en Béarn en décembre 1553. 

François de Bonne naît le 1er avril 1543  à Saint- Bonnet de Champsaur,  (le Champsaur , vaste vallée bocagère aux paysages aussi variés que verdoyants, correspond à la haute vallée du Drac, trait d'union entre Grenoble et Gap) où son père Jean Seigneur de Lesdiguières est notaire. Le jeune François passe son enfance au château des Diguières. Il perd à 5 ans son père qui ne lui laisse qu’un patrimoine modeste. Son oncle Castellane, frère de sa mère, prend en charge son éducation. Il le fait élever au collège d’Avignon puis l’envoie à Paris en 1558 au collège de Navarre pour qu’il y fasse sa "philosophie". Ce collège de Navarre était réservé aux fils de familles proches de l’entourage du roi. François de Bonne y côtoie les enfants des grands de l’époque et fait la connaissance d’Henri de Navarre : futur Henri IV, de neuf ans son cadet. 

Son oncle désirait lui faire faire des études de droit. Mais un an plus tard son oncle meurt brusquement en 1559  et Lesdiguières qui a 16 ans est contraint de quitter le collège et de rentrer à St Bonnet.

Il a gardé de ce passage au collège de Navarre une grande érudition et l’amour de la littérature (la très belle bibliothèque du château de Vizille en fait foi). 

Comme il est attiré par le métier des armes, sa mère (Françoise de Castellane) et quelques parents rassemblent les fonds nécessaires à l’achat d’une charge d’archer dans la compagnie d’ordonnance de Bertrand de Gordes, lieutenant général du roi et du Dauphiné, il a 19 ans. C’est cette année-là que débutent les guerres religieuses dans cette province. Depuis Avignon, il était secrètement acquis à la cause de la Réforme. En effet son précepteur à Avignon bien qu’il feignît de demeurer fidèle au catholicisme était secrètement gagné à la cause de la Réforme, il prêcha à son élève la doctrine nouvelle. Durant son séjour à Avignon et pendant les années qui suivirent François tint sa résolution secrète, non sans faire cependant partager à sa mère ses convictions nouvelles.

Lorsque le soulèvement protestant éclate dans le Dauphiné, il rejoint son cousin Antoine Rambaud, dit Furmeyer, chef des troupes protestantes du Gapençais, qui mène combat. Après la mort de son cousin, il est désigné comme chef des protestants du Champsaur en 1576  et livre de nombreux combats. C’est à ce moment qu’il se fait remarquer par Henri III.

De 1580 à 1584 une trêve est aménagée entre huguenots et catholiques. Lesdiguières en profite pour embellir son château « des Diguières » et sa maison forte de St Bonnet. 

Lorsqu’en 1584 Henri III désigne le Roi de Navarre (Henri IV) pour lui succéder, l’ autorité de François de Bonne sur les Huguenots du Dauphiné est reconnue.

Henri IV en vient à lui demander ouvertement son aide contre le Duc de Savoie. En effet ce dernier profitant des divisions religieuses, essaye de  récupérer les terres du Dauphiné. François de Bonne alors fidèle au roi de France (son ami du collège de Navarre) rentre en guerre contre le duc de Savoie. Afin de le mettre de son côté, le Roi n'hésite pas à le gratifier de titres honorifiques, d'argent (sa fortune devient colossale) et le qualifier  "d'ami fidèle" à tout bout de champ. Mais le roi Henri IV se méfie des énormes capacités de François et le qualifie dans son entourage de " rusé comme un renard" ! 

Après plusieurs échecs sanglants, François s'empare en 1589 de Grenoble. Il ordonne alors un grand nombre de modifications :  - fortification de la Bastille sur la rive droite de l'Isère, -fortifications tendues sur la rive gauche,  -construction des quais de l'Isère, -embellissement de la ville : nouvelles rues, égouts collectifs, façades crépies, -Construction du palais du Parlement et de la trésorerie qui deviendra sa résidence personnelle, à l’emplacement même de l’ancien palais delphinal, Constructions de digues le long du Drac et d'un pont d'une grande hardiesse sur le Drac, le Pont-de-Claix, qui deviendra une des sept merveilles du Dauphiné.

En 1595 il arrive à dominer tout le Dauphiné soit en ayant repris les terres au Duc de Savoie  (Grenoble par exemple), soit en ayant par sa domination fait cesser les guerres de religion.
Henri IV voit donc le grand bénéfice a s'en faire un allié et commence à lui promettre titres et argent ce qui va de soi. Les deux hommes se rencontrent  à Lyon où Lesdiguières arrive avec tous les notables de la région. Henri IV se fait très courtois à son égard, le félicite pour son travail d'unification.
Lesdiguières est au sommet de sa notoriété et accepte volontiers ce rapprochement avec Henri IV.
Grâce à sa fidélité à Henri IV, François de Bonne gravit les échelons du pouvoir : Gouverneur de Grenoble (mars 1591), Conseiller d'Etat (6 septembre 1595), lieutenant général du Dauphiné en 1597. En 1598, il s'empare du fort Barraux que le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier venait de faire construire (1597). Il devient, Maréchal de France en 1606 et en  1609 Lesdiguières fait le serment à Henri IV de veiller sur son fils, le futur roi Louis XIII. Il devient Duc de Lesdiguières et Pair de France en 1611 (le Duché- Pairie de Lesdiguières fut érigé alors à partir des terres des seigneuries de Lesdiguières et de Champsaur, appartenances et dépendances sous Henri IV). En 1622, il n’accède au titre de connétable (Premier officier du roi de France qui assurait le commandement des armées) qu'à la suite de sa conversion à la religion catholique. Le 25 juillet à 79 ans en l’église St Bruno de Grenoble, il abjure en effet le protestantisme devant l’évêque d’Embrun. La cérémonie terminé De Créqui son gendre, lui donne lecture d’un courrier du Roi : « Monsieur, puisque vous êtes catholique, le Roi vous donne la charge de connétable

En 1625 : Profitant de son absence les protestants se révoltent dans le Dauphiné  (lui est devenu catholique en 1622). Lesdiguières rejoint alors le Dauphiné. Méfiant, il fait fortifier la plupart des places fortes de sa province, lui que l'on surnommait le Roi des montagnes passe le Mont-Genèvre pour une dernière expédition en Italie. C’est au cours du siège de Mevolhon qu’il est saisi d’un violent accès de fièvre et de diarrhée. Il rejoint Valence pour se faire soigner mais le 28 septembre 1626, le robuste et infatigable Lesdiguières expire à 83 ans. Son corps est inhumé dans son château des Diguières, où le sculpteur Jean Richier lui a élevé un tombeau monumental, actuellement au musée de Gap.

D’après les documents consultés, le Duc de Lesdiguières apparaît comme un chef militaire hors norme mais hélas sans aucun scrupule. Il faut alors distinguer deux périodes dans sa vie.
Dans la
première partie, il participe aux affrontements religieux catholiques - protestants dans le Champsaur. Il monte très vite dans la hiérarchie militaire protestante et s'impose comme leur chef. C'est alors qu'il commet beaucoup d'exactions, qu'il pille et profane les 2/3 des églises de la région, vole le trésor d'Embrun (dont une magnifique statue de La Vierge Marie en or), le trésor de Gap et de nombreux monastères ..... 900 villages de la région seront volés et brûlés !  Il  fait rapidement fortune et s'impose  ainsi dans toute la région grâce à des qualités de chef militaire hors norme et son absence totale de scrupule.

Le Roi Henri IV  voit en lui  un homme exceptionnellement doué dans l'art militaire, " rusé comme un renard", mais il s'en méfie…  Doit-il en faire un ennemi ou un allié ?

Dans la deuxième partieà partir de 1595,   la couronne de France lui demande ouvertement son aide face au  Duc de Savoie Charles Emmanuel qui  profitait des guerres religieuses en France pour récupérer la Savoie. En réalité l'ambition du Duc de Savoie était d'étendre ses terres jusqu'au Rhône.  Henri IV puis Louis XIII, conscients de l'enjeu, se firent très généreux à  l'égard de Lesdiguières, en argent et en titres honorifiques. Sa fortune  devint colossale. 

En conclusion  on peut dire que Lesdigiuères fut un chef militaire hors pair, qui avait des qualités de meneur d'hommes extraordinaires. Il fut  un administrateur d’envergure particulièrement efficace. Sa clairvoyance et sa fidélité au Roi  l'ont mené aux premiers postes de l'état. Il fut aussi un bâtisseur infatigable : construction de digues le long du Drac et d'un pont d'une grande hardiesse sur le Drac : le Pont-de-Claix, qui deviendra une des sept merveilles du Dauphiné. Il fortifia la plupart des villes de sa province. Il fit construire le château de Vizille, le château de Lesdiguières, sa maison forte de St Bonnet etc. etc. et fit faire d’énormes travaux à Grenoble.  Il restaura, réorganisa et institua de nombreuses fondations charitables et hôpitaux …

Mais pour beaucoup et surtout dans sa carrière militaire, Lesdiguières fut un chef de bande uniquement occupé à tuer, piller et à détruire. Il construisit une bonne part de son immense fortune sur des exactions Il a laissé (selon M. Roux historien du Champsaur) « une mémoire entachée de cruauté et de rapacité ». Le duc de Lesdiguières a fortement marqué la région, à l'époque des guerres de religion.

Parlons un peu de ce Roi dont Lesdiguières se disait l’ami ?

Si le Duc de Lesdiguières fut un Dauphinois connu, le roi dont il se disait l’ami fut un roi dont chacun a gardé la mémoire. Qui ne connaît le « Vert galant », « le Panache blanc » ou « la Poule au pot »? Parmi tous les rois qui présidèrent aux destinées de la France, Henri IV est sans conteste celui qui fut et reste l'objet d'une ferveur bon enfant et jouit d'un fort capital de sympathie, "le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire"Sa destinée hors du commun, son rôle pacificateur, son caractère même, tout à la fois royal et empreint de bonhomie, se prêtaient à la légende. De son vivant déjà, ses faits d'armes, ses amours, ses bons mots étaient rapportés, colportés.

Henri IV, Henri de Bourbon est né à Pau, en Béarn, le 14 décembre 1553. Bien que baptisé en 1554, il reçoit de sa mère une éducation calviniste qui le fera passer à la religion réformée dès la fin 1559. Après une jeunesse passée dans le Béarn jusqu’à l’âge de 8 ans, c’est à la cour que se poursuit son éducation.

Il fut roi de Navarre (Henri III de Navarre, 1572-1610), Henri III roi de France le reconnut pour son successeur et lui conseilla, dit-on, de se faire catholique. C’est en 1589, à la mort d’Henri III, qu’il devint : Henri IV Roi de France et de Navarre. Par l’Edit de Juillet 1607 il unira tous ses biens à la couronne.

Devenu roi de France, il doit conquérir son royaume par la force : il bat deux fois les Ligueurs, en 1589 et 1590. Mais Paris lui résiste aussi le 25 juillet 1593 à Saint-Denis Henri IV abjure sa foi protestante qui lui inspire la phrase suivante : « Paris vaut bien une messe ». Il se fait sacrer roi à Chartres le 24 février 1594 et peut alors entrer triomphalement dans Paris le 22 mars 1594.
Henri IV promulgue, le 13 avril 1598, l’Edit de Nantes qui met fin à une période de près de 40 ans de guerres civiles ponctuées par de nombreux massacres entre les catholiques ( la Ligue) et les protestants. C’est un acte de pacification, qui vise à faire coexister deux confessions, catholique et protestante, avec les mêmes droits au sein d'un Etat catholique - et à mettre fin "aux effroyables troubles, confusions et désordres" qui déchiraient le royaume.

L’œuvre d’Henri IV.

Secondé par Sully, il réorganisa les finances et favorisa le développement économique de la France. L'agriculture, plus particulièrement, mais aussi l'industrie et le commerce furent encouragés. La politique de travaux publics fut particulièrement importante et durable : Sully fit refaire routes et chemins, aménagea les voies navigables et fit construire des ponts, des canaux. Vers l’an 1550, il y a environ 25 000 km de voies carrossables en France. La technique routière reste très rudimentaire: la route n’est qu’empierrée et ce sont les accotements en terre qui supportent (par beau temps) le gros du trafic. Tous les passages obligés (ponts, gués et cols) sont soumis aux péages, qui sont censés financer l’ouvrage et la protection du trafic. Henri IV est le premier roi de France à vouloir développer une politique des routes. Avec l’aide de Sully, il crée le premier budget des Ponts et Chaussées et publie de nombreux actes ayant trait à la confection des voies de communication. C’est de cette époque que l’habitude est prise de planter des arbres le long des chaussées les plus importantes. On réglemente également la corvée, impopulaire, qui touche les riverains des routes.

C'est en mai 1599 qu'eût lieu la création d'un Office de Grand Voyer de France chargé de l'entretien du réseau routier. Ses fonctions furent précisées par l'édit de 1607. Henri IV désigna son ministre: Sully pour cette fonction.

Petite anecdote  : On dit que Sully  avait obtenu un édit de Henri IV par lequel il était ordonné aux maires et aux échevins des mandements du Royaume, de faire planter un ormeau dans le cimetière de toutes les paroisses, au-devant de la porte principale de l'église, afin que les habitants qui venaient entendre la parole de Dieu puissent, avant et après les offices divins, discourir sous les ombrages, de leurs intérêts et de ceux de la paroisse. En Dauphiné, l'orme fut remplacé par le tilleul. Par reconnaissance, les habitants donnèrent à cet arbre le nom de Sully ou Tilleul Sully

Le règne d’ Henri IV se termine tragiquement, il meurt assassiné par François Ravaillac, un catholique fanatique. Il est enterré à la basilique Saint-Denis le 1er juillet 1610, à l'issue de plusieurs semaines de cérémonies funèbres. Son fils aîné Louis (Louis XIII), âgé de neuf ans, lui succède, sous la régence de sa mère la reine Marie de Médicis.

Après l’assassinat d’Henri IV, nommé membre du Conseil de régence Sully prépare le budget de 1611. En complet désaccord avec Marie de Médicis, il démissionne en 1611 de sa charge de surintendant des Finances. En 1616, il abandonne la majeure partie de ces fonctions. Il va vivre désormais loin de la cour et se consacrer à la rédaction de ses mémoires. En 1634, âgé de 74 ans, Sully reçoit le bâton de maréchal de France des mains du cardinal de Richelieu.

Sully meurt le 22 décembre 1641 au château de Villebon.

Je terminerai ce petit exposé sur Henri IV, par une remarque de Patrick Berthet : Président de l’Association Histoire et Patrimoine de Chanas :

Les Chanasiens peuvent « remercier » le bon roi Henri et son ministre qui lancèrent les grands travaux,  qu’ils ne purent malheureusement  achever, ils lancèrent aussi  la rénovation des grands axes routiers du royaume de France. C’est vraisemblablement au cours de ces travaux que la borne milliaire romaine fut découverte et ramenée à Chanas vraisemblablement là aussi par les habitants corvéables en 1627.  

Documents consultés sur Internet Sites : Le Glaizil Colonied’Aix en Provence – Alpes Guide.com – Encyclopédie   Wikipédia – Conseil Général des Hautes- Alpes -  Revue Persée -  Le Château de Pau – Histoire en ligne – Association Tilleul de Sully  

Marie-Claude Sebelin, Chanasienne de naissance et de cœur qui vit au Béarn pays natal d’Henri IV….. 

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